Le Liberia, colonie créée en 1822 par une société philanthropique américaine avec l’objectif d’accueillir des esclaves libérés et de diffuser le christianisme sur le continent africain, est devenu État au sens plein du terme en 1847. Les colons, après avoir été confrontés à de grandes difficultés, instaurèrent un système inique vis-à-vis des autochtones au point d’être accusés de pratiquer l’esclavage et le travail forcé. Le pays a dû se résoudre à accueillir une mission d’enquête internationale chargée d’établir les faits sous l’égide de  la Société des Nations en 1930. L’arrivée des forces américaines du fait de la Seconde Guerre mondiale permit au Liberia de surpasser cet épisode désastreux. L’après-guerre apporta stabilité et croissance, mais dans un régime resté autocratique et sans redistribution. En 1980, un coup d’État mené par le sergent Doe renversa le gouvernement des descendants des colons. Le nouveau pouvoir, quoique soutenu par les États-Unis, dériva vers le despotisme et une gestion ethnique des affaires. En 1989, un second coup d’Etat, mené par Charles Taylor, chercha à renverser Doe.  Les terribles guerres civiles qui en découlèrent emportèrent la Sierra Leone voisine dans la tourmente. La violence et la cruauté des combats stupéfièrent les médias occidentaux. En 2003, lorsqu’une paix précaire put enfin être instaurée par les Nations-Unies, l’État et le pays étaient à reconstruire.

Après une transition démocratique réussie et un début de reprise économique sous les deux mandats présidentiels de Madame Sirleaf, le Liberia connut un nouvel épisode dramatique avec la dévastatrice épidémie Ebola en 2017. L’ancien footballeur George Weah a gagné les élections présidentielles à la fin de cette même année et a pris ses fonctions en janvier 2018.

En combinant historiographie, sociologie et économie du développement, ce livre cherche à déterminer quels ont été les ressorts de cette  trajectoire tragique. Il renvoie aux contextes et aux thèmes dans lesquels cette histoire unique s’inscrit : l’Afrique précoloniale, la traite atlantique,  la colonisation et le colonialisme, le travail forcé et l’esclavage domestique, les sociétés secrètes de la forêt, Marcus Garvey et le mouvement « Back to Africa », le panafricanisme, les « États faillis » et leur reconstruction… L’ouvrage s’attache à identifier un fil rouge au sein d’un ensemble de présentations et d’interprétations parfois contradictoires ou antagonistes : la singulière histoire du Liberia a donné lieu à de véritables guerres de narration.

Ce livre comble une lacune de la bibliographie en français où ne figurait aucun livre d’histoire sur ce pays au passé exceptionnel mais largement méconnu dans le monde francophone.

Le Liberia

Une singulière histoire.

Thierry Paulais

Cavalier bleu,  éditeur à Paris

300 pages

2018

Carte du cap Mesurado, dressée par le Chevalier des Marchais, 1700
A l’issue d’un entretien accordé en 2014, la Présidente Sirleaf a bien voulu me dédicacer le livre de ses mémoires
Un billet de banque à l’effigie du Président Doe, 2011
Vue de la rivière Mesurado à Monrovia. L’île sur la droite est celle où les colons ont installé leur premier campement le 7 janvier 1822. Elle s’appelait Dozoa, ils l’ont appelée Perseverance. Elle a été renommée plus tard Providence. Les ponts visibles sur le cliché ont été l’objet d’affrontements violents pendant les guerres civiles. Photo Thierry Paulais
Vue de West End, le quartier que les autorités ont tenté sans succès de mettre en quarantaine lors de la crise Ebola. Photo Thierry Paulais
La plantation Firestone est indissociable de l’histoire du pays. Vue des cuves de stockage de la gomme. Photo Thierry Paulais